Pour l'inauguration du pont (18 juin 2021) : Cliquez ici  

Dernière mise à jour au 28 juin 2021                     

Depuis Estelì, après deux heures de bus et une demie heure de marche sur un chemin à peu près carrossable, on rencontre une rivière qu’il faut franchir si l’on veut aller plus loin dans la montagne. Soixante-douze familles doivent traverser à gué cette rivière pour aller et venir chaque jour entre leur lieu de travail agricole et leur maison dans le village de San Antonio.

Ce gué permet aussi, d’accéder à un chemin qui permet de rejoindre des villages situés au-delà et qui n’est carrossable que pour des 4X4 ou des camions de bois spécialement équipés. Il faut environ une heure à pied ou à cheval pour aller par là jusqu’à l’école d’El Waylo, et encore une heure pour arriver à la ferme d’Estéban Emmanuelle, la « Finca Calamina ».

En novembre 2020, les cyclones ETA et IOTA ont provoqué une crue exceptionnelle de cette rivière. Une jeune femme a failli perdre la vie en la traversant. 

La vive émotion provoquée par cet évènement a conduit les paysans de San Antonio, à entreprendre la construction d’un pont suspendu dont le besoin se fait sentir depuis des années.

La réalisation de ce projet doit être achevée avant les prochaine crues qui risquent de réduire à néant tous les efforts consentis pour des travaux inachevés. La prochaine saison des pluies commencera la deuxième semaine de mai.

Le chantier comporte en trois phases.

·  Construction de la pile sud sur la rive du coté de San Antonio.

·  Construction de la pile nord sur la rive du coté d'el Waylo.

·  Construction du tablier suspendu.

Les deux premières phases doivent être achevées le plus tôt possible avant l'arrivée des pluies .  Il est facile de comprendre que les deux piles doivent être bien sèches avant la prochaine crue ! 

La première pile a été financée par une première collecte des paysans entre eux pour acheter les outils et le matériaux dont ils avaient besoin pour commencer le travail. La deuxième pile a pris du retard par manque de financement. Des dons ont permis de reprendre le chantier et début mai, l'essentiel du travail est fait.

Une trentaine de paysans (avec Esteban) ont pu travailler assez dur pour réussir à assurer le nécessaire. Le moral est maintenant excellent et le travail continue à avancer. (Voir le messages d'Emma )

La construction du tablier est moins urgente, mais nécessitera plus d'argent pour les câbles. Le problème du financement reste donc crucial, même en tenant compte d'une participation éventuelle de la municipalité d'Achuapa.

Pour le moment tout le monde travaille à la fabrication de la centaine de  planches nécessaire pour le tablier du pont.  On part d'un arbre en forêt dans la montagne, on sort des planches avec seulement une tronçonneuse et on les transporte à dos d'homme jusqu'au chemin carrossable puis jusqu'au pont où il faut les raboter à la main pour qu'elles soient prêtes pour l'assemblage.

Appel initial d'Emmanuelle pour le Pont de San Antonio

San Antonio dépend de la municipalité d’Achuapa, dans le département de Léon, à l’Est du Nicaragua. C’est un petit village qui a été fondé dans les années 80 au moment de la réforme agraire. Il s’agit d’un village paysan dont les revenus limités sont basés sur la culture de haricots rouges, maïs et l’élevage de vaches laitières.

La rivière de San Antonio sépare le village de San Antonio en deux. Du côté de la route se situent les maisons et de l’autre les pâturages et terres où travaillent les habitants du village. De plus, de ce côté se situent deux autres villages du nom de Las Ruedas et El Waylo. Cette situation géographique implique de passer à gué tous les jours la rivière pour aller travailler et/ou rentrer chez soi le soir pour 72 familles.

La largeur du lit de la rivière est de 40 mètres, sa profondeur est en saison sèche d’en moyenne 70cm et en saison des pluies de 1.15m. Du mois de mai au mois d’octobre, le passage de la rivière est très risqué chaque jour au moment de la pluie et ce de 1h à 5h par jour. Souvent, les hommes ne peuvent pas aller traire les vaches, ni aller s’occuper des veaux. Cela implique une perte économique sévère pour les familles. Le passage de la rivière en cette saison est parfois impossible au moment de rentrer chez soi et cela oblige à attendre jusqu’à à 5h que le niveau de l’eau baisse.

            En octobre 1977, deux frères (l’un de 10 ans et l’autre de 8 ans) sont morts emportés par le courant de la rivière en voulant rentrer chez eux au moment de la pluie. En novembre 2020, lors du passage des cyclones ETA et IOTA, la rivière a atteint la profondeur de 1,30m avec un courant violent charriant des pierres de taille impressionnante. Une jeune femme est tombée de son cheval en passant la rivière et a été sauvée par deux jeunes du village alors que son cheval a été emporté par le courant avec son chargement.

          Les événements de cette dernière saison des pluies a amené les habitants du village a s’organiser pour la construction d’un pont suspendu afin d’éviter tout autre accident et faciliter le passage en toute saison. D’autant plus que les changements climatiques ne vont faire qu’aggraver chaque année la situation.

            Les plans du pont et son budget ont été réalisés par un ingénieur civil bénévole. Le budget pour le matériel s’élève à 174 000 cordobas soit 4 972 $US. Les habitants du village se sont tous engagés à travailler bénévolement par groupe l‘équivalent de 14 jours par personne afin de terminer la construction. Il s’agit d’un pont suspendu de 52.5m de long et 1,82m de large pour piéton, cheval et moto avec la protection d’un grillage sur les côtés.

            Le 13 février 2020, les villageois ont organisé une fête pour collecter des fonds pour le pont. Le 15 février 2020, les habitants des trois villages (72 familles) ont réussi à donner pour le pont 22 000 cordobas (soit 628.5US$) pour l’achat du matériel. Le 16 février, le travail a commencé avec le matériel qui a pu être acquit avec cette somme.

Le 24 février les villageois se réunissent de nouveau pour établir les résultats de la seconde collecte. L’objectif est d’atteindre les 35000 cordobas, soit 1000 US$, ce qui permettra de terminer le pilier Sud du pont.

            Les efforts des villageois sont énormes, toutefois le mode de vie de ces familles paysannes fait qu’il est plus facile pour eux de donner des jours de travail que de la liquidité. En effet, ils doivent vivre toute l’année de la vente de la récolte du maïs en aout et de celle des haricots rouge en décembre. L’effort est double cette année, car la récolte de haricots rouges a été mauvaise en raison de l’excès de pluie qui a fait pourrir les gousses. 

            C’est pourquoi nous faisons appel à votre solidarité pour que ce pont puisse être terminé avant les nouvelles pluies du mois de mai. 

Emma, le 20 février 2021